Les intentions du CSC Neuhof par rapport à l’événement

Les intentions du CSC Neuhof par rapport à l’événement

Avant d’énoncer les formalités administratives à accomplir pour s’inscrire et participer au concours, il nous semble fondamental d’effectuer un petit détour pour présenter les intentions de l’association. Concrètement, à travers l’organisation de cet événement, le CSC Neuhof souhaite simplement, participer à la promotion de la citoyenneté, à la fois au sein de sa zone d’attraction traditionnelle et sur le reste du territoire national. Certes, dans notre établissement, nous soutenons déjà des actions de solidarité à l’égard des sans-abris (maraudes dans la ville), en direction des personnes âgées isolées (sur le quartier) ou, à l’international, à travers la question cruciale de l’accession à l’eau potable en Afrique de l’Ouest. Dès lors, ces actions confèrent de la hauteur à la citoyenneté des personnes impliquées. Cela dit, pour nous, à l’heure actuelle, au Neuhof, il est plus qu’urgent de supporter et applaudir toutes les initiatives citoyennes qui encouragent les habitants à s’inscrire sur les listes électorales et à voter.

Évidemment, le motif est patent. Aujourd’hui, dans ce quartier populaire de la capitale alsacienne, une grande partie des habitants néglige, méprise ou délaisse ce legs précieux. Pour preuve, aux dernières élections régionales (déc. 2015), certains bureaux de vote ont atteint 80% d’abstention. Or, dans une démocratie comme la nôtre, personne ne nous contredira, un taux pareil est franchement inacceptable et inquiétant.

Certes, au Neuhof, beaucoup n’ont pas conscience des enjeux politiques liés aux élections alors, ils ne s’inscrivent pas sur les listes. En revanche, d’autres, plutôt bien informés, refusent délibérément de participer au jeu démocratique. Ils sont devenus fatalistes, indifférents voire hermétiques face au vote. En fait, pour eux, voter ne sert plus à rien ! Mais, paradoxalement, lors de discussions ou débats informels, ils se plaignent quand même de leurs conditions économiques et sociales. Ils témoignent de leur sentiment d’exclusion, montrent du doigt la délinquance ou la prennent comme alibi, dénoncent la pénurie d’emploi et la discrimination à l’embauche, déplorent les écoles au rabais, les orientations scolaires subies, les violences policières, les logements insalubres, l’augmentation des loyers à la suite des rénovations urbaines…

Au fond, ce sont des citoyens passifs avec une certaine conscience politique. Mais à quoi bon ! Si leurs voix résonnent hors de l’arène démocratique, elles n’ont aucune répercussion sur la prise de décision politique. C’est pourquoi, nous estimons qu’il serait salutaire de réhabiliter le jeu des urnes dans l’esprit de ces habitants. Ils doivent pouvoir croire qu’en votant, lors d’un référendum ou lors d’une élection, ils peuvent donner un écho favorable à leurs doléances ou leurs réclamations.

Mais, pour qu’ils renouent avec ce droit civique fondamental, il faut, au préalable, réparer la cassure. Un retour sur l’histoire longue et tourmentée du vote serait peut-être le remède. En effet, dans notre pays, le droit de vote pour tous, au suffrage universel (un vote équivalent à une voix), a été acquis à la suite d’une lutte acharnée qui s’est prolongée sur un siècle et demie. Si pendant la Révolution française (1791), le droit de vote est accordé aux hommes, sous certaines conditions discriminantes (Cf. suffrage censitaire indirect), il faut seulement attendre 1848, pour que le suffrage universel masculin soit définitivement adopté, et le 21 avril 1944, soit un siècle plus tard, pour qu’une ordonnance concède enfin ce même droit aux femmes. En conséquence, glisser un bulletin de vote dans l’urne, ce n’est pas un geste anodin ou sans valeur, comme certains au Neuhof veulent le croire. Au contraire, à la faveur de son histoire séculaire, il porte en lui de la profondeur et de la gravité. C’est pour cela qu’il faut impérativement raviver son prestige. Les abstentionnistes, du Neuhof et d’ailleurs, doivent avoir à l’esprit les luttes et les sacrifices des patriotes, des ouvriers, des féministes, etc., parce que, grâce à eux et à leurs combats, aujourd’hui, tous les citoyens, sans aucune distinction, ont l’illustre privilège de se rendre aux urnes et voter [1].

A côté de cette mise en perspective de l’histoire, pour tous les avantages et toutes les protections qu’elle offre à ses concitoyens, il faudrait aussi, envisager de revivifier les sentiments d’appartenance, de fierté et de fidélité à l’égard de la démocratie française. En effet, ailleurs dans le monde, on envie beaucoup ces progrès et acquis sociaux qu’on trouve tellement banals ici : nos libertés, notre école pour tous, notre temps de travail, notre droit de grève, notre régime des retraites, nos allocations familiales, notre système de santé, nos congés payés, notre minimum vieillesse, notre revenu de solidarité active… C’est même au prix de leur vie et de celle de leurs enfants que certains bravent l’impossible pour rallier les rivages de nos démocraties. A croire qu’ils saisissent, mieux que nous, la valeur de notre citoyenneté ! Bien sûr, cette société qu’ils convoitent a son lot d’imperfections. Mais, c’est précisément pour cela que l’engagement citoyen est nécessaire. Notre démocratie se caractérise par un processus de construction permanente auquel tout citoyen peut participer pour l’améliorer à sa guise. Quel beau défi à relever !

Les plus réfractaires diront qu’en France, ce n’est pas une obligation de voter. Et nous leur répondons : Oui, mais pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, il revêt un caractère presque sacré qui l’élève au rang de devoir moral. Sans se tromper, on peut même l’apparenter à la pierre angulaire de notre système démocratique. Il est le geste par lequel tous les citoyens sont égaux. Alors, aucune ville en France ne devrait être atteinte par ce phénomène de l’abstention. Pour nous, c’est le signe d’un malaise avec la République, le symptôme d’une démocratie moribonde. C’est pourquoi, dans le cadre du développement social de notre territoire, nous faisons le choix d’encourager l’implication des habitants dans la vie politique de leur pays. L’organisation de notre Challenge citoyen est l’une des expressions de cette volonté. En espérant pouvoir afficher d’ici peu, dans les lieux publics au Neuhof, comme ce fut le cas durant la Révolution française, la devise : « Ici, on s’honore du titre de Citoyen. »

[1] Sous réserve d’être de nationalité française, d’avoir 18 ans et de ne pas être temporairement déchu de ses droits civiques, à la suite d’une condamnation pour un crime ou un délit.